En retrait
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
Picture

Et voici, GB News!

11/12/2021

1 Commentaire

 
Picture
Antoine Char

Ses jours sont-ils comptés ? Pour l’heure, elle est aphone. GB News voulait être la porte-parole des sans voix. La chaîne ultra-conservatrice britannique a perdu 60 % de ses téléspectateurs depuis son lancement le 13 juin.


Comment expliquer cet échec cuisant alors qu’en France, CNews ne cesse de gagner des parts d’audience avec ses débats houleux et des opinions (surtout d’extrême-droite) souvent peu cimentées par des faits ?

Drapé dans l’Union Jack, le nouveau-venu du petit écran britannique émet en continu … ou presque : 18 heures par jour, sept jours sur sept. Elle voit grand : concurrencer la vénérable BBC (« The Beep » ou « Auntie », aura cent ans le 18 octobre prochain) et la chaîne privée Sky News (lancée en 1989).

« Anti-woke », elle pourfend la « cancel culture ». Pour cela, pas de bulletins de nouvelles, mais des débats à l’emporte-pièce sur les « bien-pensants » trop politiquement corrects. Une Fox News sauce british ? Peu importe, pour Stop Funding Hate, pas question de voir la publicité « financer la haine, la discrimination et la diabolisation » dans le paysage médiatique de sa Gracieuse Majesté.

« Moins de téléspectateurs que Paw Patrol »

Créée il y a cinq ans, l’organisation militante, a ainsi convaincu IKEA de ne pas annoncer dans GB News. Le géant suédois du meuble a obtempéré. D’autres ont emboîté le pas. Résultat : la station est privée de recettes publicitaires. Lancée avec un budget de 60 millions de livres (103 millions de dollars canadiens, sortis surtout des poches de Paul Marshall, milliardaire pro-Brexit), elle compte sur des abonnements mensuels d’une dizaine de dollars pour décoller.

Mais voilà, « elle a moins de téléspectateurs que la version galloise de Paw Patrol [La Pat’ Patrouille, série d’animation canadienne] », déclare Richard Wilson le fondateur de Stop Funding Hate (échange de courriels). Alors, GB News, un flop ? « En théorie, ses bailleurs de fonds pourraient continuer à la renflouer indéfiniment et la croissance de son audience n’est pas impossible », ajoute-t-il.

Patrick Barwise, professeur émérite de management et de marketing à la London Business School, est d’accord. « On peut dire que GB News est un flop mais ses bailleurs de fonds ont des poches profondes. [Incidemment, malgré le nom de GB News et la marque théâtrale britannique, la plupart des investisseurs sont étrangers ou offshore]. À mon avis, il s'agissait avant tout d'un projet de guerre culturelle et non d'un projet commercial (…) », explique-t-il (échange de courriels).

Une guerre culturelle sur laquelle surfent déjà les tabloïds britanniques avec ces mots: « L’élite contre le peuple !». Leur dialectique populiste rejoint GB News dans un pays dominé par le Parti conservateur de Boris Johnson. L’arrivée de la station télévisée n’est donc pas un accident. Les étoiles étaient bien alignées pour sa naissance.

Nigel Farage, mais pas Piers Morgan

Elle compte sur plusieurs présentateurs vedettes dont Nigel Farage. Dès son entrée en ondes, le chantre du Brexit, qui a vu la Grande-Bretagne se retirer de l’Union européenne le 31 janvier 2020, à minuit, lançait ceci à propos des retombées de la Covid-19 : « Je ne montrerai aucun passeport vaccinal pour aller acheter une pinte. C’est une trop grande atteinte à nos libertés. »

On le voit, le ton est donné avec une parole se voulant « décomplexée », très droitière à l’instar de FOX News et de CNews qui malgré le départ de sa polémiste vedette Éric Zemmour, le candidat putatif à la présidentielle française d’avril prochain,  « cartonne » dans le paysage médiatique de l’Hexagone.

Si GB News a réussi à attirer Farage dans ses filets, elle comptait vraiment mettre la main sur Piers Morgan, mais le magnat australo-britannico-américain Rupert Murdoch a été plus rapide. Même s’il aurait déclaré que l’ex-présentateur de Good Morning Britain, avait « des c… plus grosses que sa cervelle », il lui a fait une offre qu’il ne pouvait refuser.

« Il lui a fait une super offre », souligne Barwise. Le grand patron de Fox News et du Wall Street Journal notamment, va lancer l’an prochain TalkTV et comme son nom l’indique il s’agira surtout de débattre, mais dans l’émotion et l’indignation. sans tenir compte des règles d’impartialité de l’Ofcom (le CRTC britannique), pour qui « les nouvelles, sous quelque forme que ce soit, [devraient être] rapportées avec l'exactitude requise et présentées avec l'impartialité requise ». 

« Le juste milieu ne rapporte plus »
​

GB News aujourd’hui, comme TalkTV demain, peuvent difficilement être des clones de Fox News. Encore là, l’Ofcom veille au grain. Comme au Canada, le gendarme de l’audiovisuel interdit les chaînes purement d’opinion. En plus d’amendes, pas très salées, le retrait de licence est possible comme ce fut le cas en 2012 pour la chaîne de télévision iranienne Press TV qui diffusait de Londres en anglais. Avec ses « Salam and Welcome », le ton de propagande de la station, qui se voulait une réponse de Téhéran à FOX News, était manifeste.

Aujourd’hui GB News ne donne certes pas une répartition égale du temps à chaque point de vue, ne représente aucunement chaque facette d’un argument, mais le contexte étant ce qu’il est en Grande-Bretagne et ailleurs en Europe, fermer une chaîne de télévision « anti-woke » « anti-immigration » et se voulant « patriote » donnerait des munitions à toutes les droites populistes européennes.

Dans tous les cas, « le juste milieu ne rapporte plus ( ... ) Désormais les médias prospèrent en alimentant les guerres culturelles auprès de publics polarisés et mobilisés. Pour le meilleur et pour le pire », estiment Serge Halimi et Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, mars 2021).
 
Moins de six mois après son lancement, GB News est loin d’avoir le vent en poupe, mais, comme dirait Mark Twain, annoncer sa mort serait grandement exagéré.


Picture
                                                                         Nigel Farage
1 Commentaire
Aurélie
11/26/2021 11:39:45 am

Très bel article, merci!

Réponse



Laisser une réponse.

    Lectures de mai 2022
    Que se passe-t-il au Kremlin ?
    L'information sous les bombes
    La caricature du mois
    Le mariage de la carpe et du lapin
    L'inflation dope les finances publiques
    La langue, un enjeu déterminant
    Crises, la vérité, toute la vérité ?
    Les droits de la droite
    Israël-Palestine : «Trop c'est trop ! »
    Dur, dur d'être journaliste en Grèce
    Regards sur la presse japonaise
    Une famille royale marquante
    L'hénaurme Mingus
    Lectures à demeure
    Polar & Société : Préjugés et préjudices
    Lectures d'avril 2022
    Crime contre l'humanité ou génocide
    La caricature du mois
    L'Ukraine, Poutine et l'Histoire
    France : cohabitation adorée
    La CAQ triomphante
    Logement, le cercle vicieux
    Sale temps pour le plastique ?
    Le renard et les hommes
    Le vendeur d'émotions
    Un pan inconnu de l'Histoire
    Cellar Live ou la force du jazz
    Écouter les morts avec les yeux
    Polar et société : Un voyage dans le temps
    Lectures de mars 2022
    Dans le brouillard de la guerre
    Le militaire de Poutine
    Les Ukrainiens ne sont pas des Russes
    La caricature du mois
    Le retour de jean Charest
    L'inflation s'installe à demeure
    L'Afghanistan, misère !
    Seules au monde, les Afghanes
    Les Lumières du Panjshir
    Signes, signes
    Taxer davantage les riches ?
    Covid, guerre et climat à deux dollars
    Zoothérapie : intervention ciblée
    «Truth social», ou la vérité selon Trump
    William Parker, enfin !
    Amérique indienne, un coeur qui bat
    Polar et société : En direct de la fosse aux lions
    LECTURES DE FÉVRIER 2022
    Quand l'histoire bégaie ...
    Les zigzags sur le front de l'Est
    La caricature du mois
    La Chine, médaille d'or économique
    Année électorale pas comme les autres
    Les étudiants anxieux et ... déterminés
    Guantánamo, « l'Alcatraz des Caraïbes »
    La machine à remonter le temps
    États-Unis: une démocratie attaquée
    La dépossession des disparus
    Qu'est Nathalie Bondil devenue ?
    Le pianiste qui venait du froid
    Polar et société: Être ou ne pas être un ... polar
    LECTURES DE JANVIER 2022
    R2D2 s’en va-t-en guerre
    Les États-Unis en déclin, vraiment ?
    Rock and or !
    La peau d'Horacio Arruda
    La caricature du mois
    Élections : éduquer, éduquer, éduquer
    Désinformation : qui doit faire la police ?
    Le français, 5e langue mondiale ? Hum ...
    Une loi pour la liberté académique
    Maître Harris n'est plus
    Ciel mon cerveau !
    Polar et société: L'insoutenable lourdeur de lourdeur de l'êtreE
    Émile Nelligan: « un rêveur qui passe »
    Lectures de Décembre 2021
    Du gain et des jeux
    À DEUX PAS DE LA LIGNE ROUGE
    RÉFUGIÉS : LE CYCLOPE MÉDIATIQUE
    LA CARICATURE DU MOIS
    PETITES NOUVELLES DE FRANCE
    L'ALBERTA ET LA ROUTE DES DINOSAURES
    CES LANGUES QUI REFUSENT DE MOURIR
    FRANCE: QU'AS-TU FAIT À TON DOUX PARLER ?
    MAIS OÙ SONT PASSÉES LES GLACES D'ANTAN?
    GOLF: L'ATOUT INDÉNIABLE DE LA COVID
    SUN RAY AUX GRAMMYS ...
    TONY, DITES-VOUS !
    POLAR ET SOCIÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BIEN FLOU
    LECTURES DE NOVEMBRE 2021
    PANDORA PAPERS: LES VRAIS PARADIS
    VICTIMES COLLATÉRALES, VOUS DITES?
    MINORITAIRES ET NON VACCINÉS
    L'INDÉPENDANCE, UNE IDÉE DU PASSÉ?
    LE REFLUX DE L'INDÉPENDANTISME CATALAN
    FACEBOOK : CROIRE EN LA MÉTA-MORPHOSE?
    la caricature du mois
    L'ENJEU IRLANDAIS DU BREXIT
    ET VOICI, GB NEWS!
    L'AMOUR SUPRÊME, SELON COLtrane
    POLAR ET SOCIÉTÉ: TANT DE VIOLENCE!
    MARIE-ANASTASIE : PRÉSENCE DE L'ABSENCE
    LECTURES D'OCTOBRE 2021
    Amazon à l'assaut
    Covid-19 le "virus de la faim "
    Trump encore et toujours
    Municipales: le réseau cyclable en tête
    Alerte aux lanceurs
    Raoult, le populisme scientifique
    Afghanistan : le difficile mea culpa
    Hémon, Going My Way

𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙 

Loin de l’actualité brûlante, loin des pesanteurs du deadline, loin du brouhaha des salles de rédaction, 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙  réunit des journalistes* nés au temps de l’imprimerie et ayant tout le recul nécessaire pour mieux analyser les complexités du monde d’ici et d’ailleurs.
La retraite des « travailleurs de l’information », peu importe les médias, permet de tourner le dos à l’emballement perpétuel et renouer ainsi avec les plaisirs de la lenteur.
Avec 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙, l’actualité vous est disséquée une fois par mois sous forme d’opinions certes, mais toujours basées sur des faits.

Suivez-nous!

    Contactez-nous

Envoyer