En retrait
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
Picture

L'amour suprême, selon Coltrane

11/12/2021

0 Commentaires

 
Picture
Serge Truffaut

La découverte musicale de l’année, voire des dernières années, a pour nom propre Coltrane. John de son prénom, évidemment. De quoi s’agit-il ? D’un enregistrement «assigné à résidence» dans le sous-sol d’un bungalow de Seattle pendant 60 ans. Le programme? L’interprétation intégrale de son chef-d’œuvre dans un club de la ville baptisé Penthouse, et que la maison de disques Impulse! vient tout juste de publier sous le titre A Love Supreme – Live in Seattle.
 
Drôle d’histoire que celle-ci. Du 27 septembre au 2 octobre 1965, Coltrane se produisit donc au Penthouse. La première partie de la soirée avait été assurée par Joe Brazil, un saxophoniste du coin qui avait l’habitude d’enregistrer différents spectacles. Ce fut le cas le 2 octobre. Bien.
 
Brazil rangea les bandes dans un carton et, aussi stupide que cela puisse paraître, les oublia. Plus de cinquante ans plus tard, sa femme, Virginia, demanda à un autre saxophoniste local, Steve Griggs, de faire l’inventaire des bandes et cassettes laissées par son mari, décédé en 2008.
 
Griggs fit la découverte que l’on sait. Il alla frapper à la porte du labelhistorique de Coltrane, Impulse!. Les ingénieurs nettoyèrent les bandes et remixèrent le tout, avec d’autant plus de ferveur qu’il n’existait qu’un autre enregistrement public du canon signé Coltrane, qui se trouvait à Antibes, en France.
 
La version proposée aujourd’hui a ceci de remarquable qu’elle met en relief l’esprit musical de Coltrane cette année-là. En 1965, il était boulimique, le Coltrane. Au cours des mois précédents, il avait donc enregistré A Love Supreme, puis Ascension, qui reste le manifeste du free jazz et Kulu Sé Mama.Il avait aussi composé les morceaux qui sortirent sous le titre de Méditations quelques mois plus tard.
 
Cette boulimie découlait avant tout d’une quête, aussi spirituelle que philosophique. Une quête constante. Après les débordements «alchimiques» des années 1950, Coltrane était devenu un janséniste obsédé par la musique et par la lecture de livres sur les religions du monde, sur la philosophie et sur les… mathématiques ! Bref, il était devenu un encyclopédiste.
 
À la différence de ses grands contemporains Miles Davis et Charles Mingus, Coltrane n’a jamais été un fort en gueule. Là où les premiers manifestaient avec raison leur colère, lui exprimait la révolte que lui inspiraient les effets concrets du racisme par le truchement de la tristesse et du désespoir.
 
Ceci explique cela : sur scène, il prolongeait pendant des minutes les pièces gravées antérieurement. À Seattle, il était accompagné du quartet historique — Jimmy Garrison à la contrebasse, McCoy Tyner au piano et Elvin Jones à la batterie —, augmenté de trois musiciens des environs.
 
Mais il y a surtout ceci : par saxophone interposé, il disserta sur l’assassinat de Malcolm X en février 1965, sur les 34 personnes tuées dans le ghetto de Watts, à Los Angeles, au mois d’août de la même année et sur l’augmentation plus importante que jamais des troupes américaines au Vietnam, décrétée par Lyndon B. Johnson à l’automne 1965. Ce Live in Seattle, c’est avant tout cela.
 
                                                                                          ***
 
Pour cause de COVID-19, le jazz, comme les autres arts de la scène, s’est mis entre parenthèses. Une fois cette lapalissade rappelée, reste tout de même ceci : des clubs disséminés ici et là sur le continent se sont employés à proposer des spectacles. On devrait préciser : de sacrés bons spectacles!
 
Histoire de se retrouver, on conseille vivement d’aller à la section jazz du site InstantSeats (instantseats.com), qui n’est rien de moins que le courtier de 55 boîtes de jazz à travers les États-Unis, dont le Keystone Korner de Baltimore, le Blues Alley de Milwaukee et le Smoke Jazz Club de New York. 
 
Sinon? Rien de mieux que de s’abonner au Small’s de New York. Pour 10 $ par mois, vous pouvez voir et entendre les excellences musicales de notre époque en plus d’avoir accès aux centaines de spectacles archivés depuis une dizaine d’années.
 
                                                                                           ***
 
Le 1er novembre dernier, le guitariste Pat Martino est décédé. Il avait 77 ans. Sa réputation, c’est bien simple, était la suivante : il était un musicien pour musiciens («a musicians’ musician»). Et ce, malgré un accident cérébral qui lui avait fait perdre la mémoire en 1980 et qui l’avait obligé à réapprendre à jouer pendant une dizaine d’années. Il a enregistré plus d’un album pour Blue Note.
 
                                                                                            ***
 
Pendant des décennies, le saxophoniste Wayne Shorter avait rêvé d’écrire un opéra consacré à ce vieux mythe de l’Antiquité grecque qu’est Iphigénie. Au cours des huit dernières années, il s’est attelé à la tâche avec l’aide de la contrebassiste Esperanza Spalding. Note : le décor de l’opéra a été conçu par l’architecte Frank Gehry.
 
                                                                                            ***
 
La majorité des musiciens de jazz ont leur site. Ce qui constitue évidemment une source d’informations particulièrement riche. Mais s’il fallait accorder la palme au site incontournable, alors celui du pianiste Ethan Iverson (dothem@th.com) l’emporterait haut la main, car il est tout simplement génial. Les analyses et surtout les entrevues d’Iverson avec ses collègues, dont une avec le pianiste Marc-André Hamelin, sont exceptionnelles.

0 Commentaires



Laisser une réponse.

    Lectures de juin 2022
    Pourquoi le Québec perd le contrôle
    Des ruines et des devises fortes
    OTAN : et deux de plus
    Chronique d'une famine annoncée
    La caricature du mois
    Ralentissement, recul, récession
    Histoires d'eau
    Le cas de QS
    L'immigration en question
    Camps de jour version 2022
    Le meilleur ennemi de l'homme
    Les marginaux du système électoral
    Deux encyclopédistes au piano
    Disparu au pied du Mur
    Polar & Société : Fouiller sous les apparencesTexte du bouton
    Lectures de mai 2022
    Que se passe-t-il au Kremlin ?
    L'information sous les bombes
    La caricature du mois
    Le mariage de la carpe et du lapin
    L'inflation dope les finances publiques
    La langue, un enjeu déterminant
    Crises, la vérité, toute la vérité ?
    Les droits de la droite
    Israël-Palestine : «Trop c'est trop ! »
    Dur, dur d'être journaliste en Grèce
    Regards sur la presse japonaise
    Une famille royale marquante
    L'hénaurme Mingus
    Lectures à demeure
    Polar & Société : Préjugés et préjudices
    Lectures d'avril 2022
    Crime contre l'humanité ou génocide
    La caricature du mois
    L'Ukraine, Poutine et l'Histoire
    France : cohabitation adorée
    La CAQ triomphante
    Logement, le cercle vicieux
    Sale temps pour le plastique ?
    Le renard et les hommes
    Le vendeur d'émotions
    Un pan inconnu de l'Histoire
    Cellar Live ou la force du jazz
    Écouter les morts avec les yeux
    Polar et société : Un voyage dans le temps
    Lectures de mars 2022
    Dans le brouillard de la guerre
    Le militaire de Poutine
    Les Ukrainiens ne sont pas des Russes
    La caricature du mois
    Le retour de jean Charest
    L'inflation s'installe à demeure
    L'Afghanistan, misère !
    Seules au monde, les Afghanes
    Les Lumières du Panjshir
    Signes, signes
    Taxer davantage les riches ?
    Covid, guerre et climat à deux dollars
    Zoothérapie : intervention ciblée
    «Truth social», ou la vérité selon Trump
    William Parker, enfin !
    Amérique indienne, un coeur qui bat
    Polar et société : En direct de la fosse aux lions
    LECTURES DE FÉVRIER 2022
    Quand l'histoire bégaie ...
    Les zigzags sur le front de l'Est
    La caricature du mois
    La Chine, médaille d'or économique
    Année électorale pas comme les autres
    Les étudiants anxieux et ... déterminés
    Guantánamo, « l'Alcatraz des Caraïbes »
    La machine à remonter le temps
    États-Unis: une démocratie attaquée
    La dépossession des disparus
    Qu'est Nathalie Bondil devenue ?
    Le pianiste qui venait du froid
    Polar et société: Être ou ne pas être un ... polar
    LECTURES DE JANVIER 2022
    R2D2 s’en va-t-en guerre
    Les États-Unis en déclin, vraiment ?
    Rock and or !
    La peau d'Horacio Arruda
    La caricature du mois
    Élections : éduquer, éduquer, éduquer
    Désinformation : qui doit faire la police ?
    Le français, 5e langue mondiale ? Hum ...
    Une loi pour la liberté académique
    Maître Harris n'est plus
    Ciel mon cerveau !
    Polar et société: L'insoutenable lourdeur de lourdeur de l'êtreE
    Émile Nelligan: « un rêveur qui passe »
    Lectures de Décembre 2021
    Du gain et des jeux
    À DEUX PAS DE LA LIGNE ROUGE
    RÉFUGIÉS : LE CYCLOPE MÉDIATIQUE
    LA CARICATURE DU MOIS
    PETITES NOUVELLES DE FRANCE
    L'ALBERTA ET LA ROUTE DES DINOSAURES
    CES LANGUES QUI REFUSENT DE MOURIR
    FRANCE: QU'AS-TU FAIT À TON DOUX PARLER ?
    MAIS OÙ SONT PASSÉES LES GLACES D'ANTAN?
    GOLF: L'ATOUT INDÉNIABLE DE LA COVID
    SUN RAY AUX GRAMMYS ...
    TONY, DITES-VOUS !
    POLAR ET SOCIÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BIEN FLOU
    LECTURES DE NOVEMBRE 2021
    PANDORA PAPERS: LES VRAIS PARADIS
    VICTIMES COLLATÉRALES, VOUS DITES?
    MINORITAIRES ET NON VACCINÉS
    L'INDÉPENDANCE, UNE IDÉE DU PASSÉ?
    LE REFLUX DE L'INDÉPENDANTISME CATALAN
    FACEBOOK : CROIRE EN LA MÉTA-MORPHOSE?
    la caricature du mois
    L'ENJEU IRLANDAIS DU BREXIT
    ET VOICI, GB NEWS!
    L'AMOUR SUPRÊME, SELON COLtrane
    POLAR ET SOCIÉTÉ: TANT DE VIOLENCE!
    MARIE-ANASTASIE : PRÉSENCE DE L'ABSENCE
    LECTURES D'OCTOBRE 2021
    Amazon à l'assaut
    Covid-19 le "virus de la faim "
    Trump encore et toujours
    Municipales: le réseau cyclable en tête
    Alerte aux lanceurs
    Raoult, le populisme scientifique
    Afghanistan : le difficile mea culpa
    Hémon, Going My Way

𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙 

Loin de l’actualité brûlante, loin des pesanteurs du deadline, loin du brouhaha des salles de rédaction, 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙  réunit des journalistes* nés au temps de l’imprimerie et ayant tout le recul nécessaire pour mieux analyser les complexités du monde d’ici et d’ailleurs.
La retraite des « travailleurs de l’information », peu importe les médias, permet de tourner le dos à l’emballement perpétuel et renouer ainsi avec les plaisirs de la lenteur.
Avec 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙, l’actualité vous est disséquée une fois par mois sous forme d’opinions certes, mais toujours basées sur des faits.

Suivez-nous!

    Contactez-nous

Envoyer