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Le militaire de Poutine

3/13/2022

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Sergey Shoygu ou la montée en puissance de l'armée.

Sur le plan strictement militaire, l’offensive commandée par Vladimir Poutine en Ukraine met en relief la montée en puissance de l’armée aux dépens du Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie (SVB), successeur du KGB. 
 
Ce qui avait été constaté en 2014 en Crimée et en 2015 en Syrie vient d’être confirmé avec éclat, c’est le cas de le dire, dans les environs de Kyiv, Kharkiv, Marioupol et ailleurs.
 
Depuis l’amorce du Grand Jeu au début des années 1850 qui opposa donc la Russie au Royaume-Uni, les tsars, puis les Staline, Brejnev et consorts se sont appliqués à ce que les maîtres espions conservent toujours l’ascendant sur les généraux. Leur hantise ? Que ces derniers disposant de facto du monopole de la violence d’État ne deviennent trop puissants. Schématiquement, on pourrait dire que jusqu’à la guerre en Tchétchénie en 1999, les renseignements préparaient les coups, l’armée l’intendance. 
 

Un ingénieur à la défense
 
En 2012, cette hiérarchie et la division des tâches qu’elle induisait fut bouleversée par la nomination d’un ingénieur au poste de ministre de la Défense. Son identité? Sergey Shoygu. On insiste : à la différence de ses prédécesseurs, Shoygu n’avait jamais été officier de renseignements ou officier dans l’armée.
 
Une fois en selle, Shoygu ayant noté, comme tout un aucun au Kremlin, que l’armée russe avait exposé ses faiblesses à tous égards lors de l’invasion en Géorgie en 2008, il s’est employé à la moderniser à vitesse grand V. Plus exactement, il a transformé cette institution de manière à ce qu’elle soit au diapason des progrès technologiques.
 
Pour moderniser cet appareil intrinsèquement lourd, donc lent à la détente, si l’on peut dire, Shoygu a bénéficié d’augmentations budgétaires et dans son cas d’une divine surprise. De quoi s’agit-il ? Dans la foulée de l’agression perpétrée en Crimée en 2014, l’Europe, le Canada et les États-Unis avaient imposé des sanctions à la Russie ainsi qu’aux oligarques.
 
Et alors ? Ce qui avait été interdit à ces derniers sur le flanc droit, ils se sont appliqués à le reprendre sur le flanc gauche. En d’autres mots, les contrats perdus à l’Ouest ont été remplacés par les contrats conclus avec les armées de Russie. 
 
Par exemple, la compagnie allemande Siemens ne peut plus fournir ses moteurs à la marine russe ? La Ural Mining and Metallurgical Company va prendre le relais. En d’autres mots, simultanément à la modernisation de l’armée, on a assisté à l’émergence d’un complexe militaro-industriel. Et donc à une montée en puissance des généraux, états-majors et autres galonnés. 
 
Cela étant, l’agression contre l’Ukraine présente une sacrée bizarrerie: les experts en faits strictement militaires ont relevé que les commandants russes ont utilisé des missiles balistiques de courte portée OTR-21 Tochka, si vieux qu’on les croyait disparus.
 
Idem avec les blindés : les chars envoyés sur le terrain sont des T-72 qui datent des années 1980-1990 plutôt que le T-90 considéré par les spécialistes comme le meilleur au monde. Idem avec les avions : des Sukhoi 25 des années 70 et non des Su-24 à la fine pointe de l’électronique. Comprenne qui pourra.

 
 

Géographie de l'Ukraine
 
Sous l’impulsion de Staline et de certains de ses successeurs, plusieurs greffes territoriales ont été effectuées entre 1921 et 1991. L’objectif commun ? L’agrandissement de l’Ukraine, patrie de Leon Trotsky et de Nikita Khrouchtchev. Il faut spécifier que certaines de ces greffes étaient des amputations à des pays voisins, d’autres des récupérations de territoires perdus lors de conflits, notamment avec les rois de Pologne, au cours de l’Histoire. En voici le détail:
  • En 1925 : l’Ukraine cède le tiers du Donbass à la Russie.
  • En 1939 : L’Ukraine reprend à la Pologne la Galicie dont la ville historique de Lviv où s’étaient installés des milliers d’Allemands.
  • En 1940 : l’Union soviétique soustrait à la Roumanie, pour le bénéfice de l’Ukraine, les régions Boudjak et Bucovine.
  • En 1940 : l’Union soviétique prend à la Moldavie, toujours pour l’Ukraine, la Transnitrie.
  • En 1945 : la Tchécoslovaquie abandonne au profit de l’Ukraine, la Ruthénie.
  • En 1948 : la Roumanie doit céder l’île aux Serpents qui aujourd’hui est l’objet d’un rapport de forces d’autant plus aiguisé que le sous-sol des environs regorge d’hydrocarbures.
  • En 1954 : la Russie, alors dirigée par Khrouchtchev, donne la Crimée à l’Ukraine qu’elle reprend en 2014. Dans ce cas, il faut souligner que le port de Sébastopol situé au sud-ouest de la Crimée est jugé d’autant plus vital qu’il est le seul port d’attache dont dispose la marine russe qui, faut-il le rappeler, est le gendarme de la mer Noire et de la mer d’Azov. Quoi d’autre ? Il lui permet d’avoir accès à la Méditerranée où l’armée russe a aménagé une base navale à une quarantaine de kilomètres de Lattaquié, port important en Syrie.
 
 

Joseph Staline, George Kennan et autres
 
STALINE - Le 10 août 1932, dans une lettre estampillée confidentielle et adressée à Lazar Kaganovitch, le maître du Kremlin exigeait ce qui suit : «Si nous ne prenons pas immédiatement des mesures pour redresser la situation en Ukraine, nous pourrions perdre cette république (…) Il faut aussi avoir à l’esprit qu’au sein du comité du Parti ukrainien ( qui compte 500 000 membres ) se terrent bon nombre, oui, bon nombre d’éléments corrompus, de petliuristes ( NDLR: partisans de l’ancien chef de la République populaire d’Ukraine ) déclarés ou latents et même d’agents directs de Pilsudski ( NDLR: alors dirigeant de la Pologne ).
 
 Si la situation venait à s’aggraver, ils ne mettraient pas longtemps à ouvrir un front d’opposition au Parti, de l’intérieur comme de l’extérieur. Je fixe l’objectif de faire de l’Ukraine dans les plus brefs délais une véritable forteresse de l’URSS, une république exemplaire. »
 
À cette date, Kaganovitch, né en 1893 dans un village près de Kiev, était émissaire spécial du Comité central du Parti communiste en Ukraine. Il est mort le 25 juillet 1991 à Moscou. En 2010, la Cour d’appel de Kiev l’a reconnu coupable de génocide pour avoir été l’acteur central de la famine qui a décimé des millions d’Ukrainiens et de citoyens des républiques du Caucase en 1932-1933.
 
KENNAN - En 1997, George F. Kennan, théoricien de la stratégie dite d’endiguement du communisme qui constitue l’ADN de la Doctrine Truman détaillée devant les membres du Congrès le 12 mars 1947 par le président Truman, faisait la mise en garde suivante : «L’élargissement de l’OTAN serait la plus fatale erreur de la politique américaine depuis la fin de la guerre froide. 
 
On peut s’attendre à ce que cette décision attise les tendances nationalistes anti-occidentales et militaristes de l’opinion publique russe; qu’elle relance une atmosphère de guerre froide dans les relations Est-Ouest et oriente la politique étrangère russe dans une direction qui ne correspondra vraiment pas à nos souhaits.»
 
Entre 1947 et 1948, Kennan a composé une série de mémos qui ont joué un rôle central dans l’élaboration du Plan Marshall. Après une carrière de diplomate, dans les années 50 et 60, lui, le concepteur de l’endiguement, s’est opposé à la guerre au Vietnam.
 
HOLODOMOR - Ce mot de la langue ukrainienne signifie : extermination par la faim. Il désigne également la Grande Famine organisée et poursuivie par Staline et les membres du Comité central. En Ukraine, ce recours à l’arme alimentaire s’est soldé par la mort de 4,5 millions de personnes. Cela rappelé, on comprendra que la «Holodomor» est au coeur du développement de la conscience nationale du pays.
 
LA ROUS’ DE KIEV - Vers 900, les Rous’, soit les guerriers-marchands venus de Scandinavie, font de Kiev la capitale de leur réseau de domination sur les tribus slaves de la Baltique au sud de Kiev, de la Galicie à l’Oka. En 988, le prince Vladimir fait un choix qui va s’avérer fondamental dans l’histoire de l’Ukraine d’abord et de toute la Russie ensuite: il se fait baptiser et fonde l’Église orthodoxe russe. Pour faire vraiment court, disons que Moscou la Russe est la fille de Kiev la Rou’s.
Note: pour en savoir plus voir le no 485 que L’Histoire a consacré à la Russie en juillet-août 2021.

Serge Truffaut
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