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Le renard et les hommes

4/13/2022

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Un renard se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure (le Saint-Laurent, on fait avec..).
Une horde d’humains survint, 
Filets et cages appâtées,
Qui cherchait aventure,
Et que la faim de BA attirait. 

 
Dominique Lapointe
 
Mais la fable s’arrête là car l’histoire a tourné plus au cirque qu’à la leçon de vie.
 
Pendant quatre jours, à la mi-mars, jusqu’à une quinzaine de volontaires d’une organisation appelée Sauvetage Animal Rescue ont couru sur les quais du Vieux-Port de Montréal dans l’espoir de capturer la pauvre bête. Des plongeurs ont même été dépêchés au cas où il aurait fallu rescaper la bête, ou un bon samaritain, avalée par les glaces printanières. 
 
Le renard, visiblement paniqué par tant d’attention, sautait de banquise - en quai - en banquise pour échapper à cette opération « humanitaire », avant de se réfugier toujours sous un grand quai, où on découvrira finalement son terrier. On projettera alors de boucher l’accès à son abri pour augmenter la chance de capturer l’animal. Imaginez !
 
Il faudra finalement l’intervention d’agents de la faune pour mettre un terme à cette chorégraphie insensée qui mettait plus à risque des hominidés obsédés qu’un agile canidé en quête de paix et de mouettes à se mettre sous la dent, pour lui et peut-être sa progéniture, qui sait ?
 
Le syndrome de Bambi
 
On pourrait toujours rire de cet épisode un peu loufoque s’il n’était pas un autre symptôme de cette relation un peu tordue que nous, humains riches et bien-pensants, avons parfois développée à l’endroit des animaux, sauvages (et domestiques, mais nous y viendrons un autre jour). Plus révélatrice encore, la « crise des chevreuils » à Longueuil est pour le moins intéressante à cet égard.
 
Depuis des mois, l’administration est aux prises avec des groupes de pression qui s’opposent à l’euthanasie d’une partie de la population de cerfs de Virginie dans un parc municipal. La surpopulation de cerfs menace l’ensemble de la biodiversité locale, végétale et animale, et, plus d’une fois, des experts ont bien confirmé l’impossibilité d’un déménagement sécuritaire du cheptel. 
 
Toutefois, à coup de manifestations et de menaces, de mort dans certains cas, on a réussi à faire reculer les élus et une mairesse excédée. Il aura fallu des élections et une nouvelle administration pour imposer finalement la solution radicale et scientifiquement incontournable.
 
Certains évoqueront le syndrome de Bambi, qui rappelle celui des bébés phoques de la saga Bardot, des mammifères marins qui, une fois adultes, participaient grandement à la raréfaction de la ressource halieutique. 
 
Mais il y a peut-être dans ces mouvements extrêmes de conservation une quête de rédemption face aux abus des humains à l’égard du monde animal. Le récent rapport du Fonds mondial pour la Nature évaluait à 68 % la proportion des espèces de vertébrés disparus depuis un demi-siècle. 
 
Si l’extinction d’espèces demeure un processus naturel inéluctable, un tel emballement du phénomène ne s’explique que par la réduction accélérée des habitats, la surconsommation des ressources et le bouleversement du climat. 
 
Domestication de l’homme sauvage
 
Bien en-deçà des grands enjeux écosystémiques, il faut réaliser que des progrès significatifs ont été accomplis au chapitre de l’éthique animale ces dernières décennies. Les cirques animaliers sont une espèce en voie de disparition,  tout comme les parcs d’attraction aquatiques avec dauphins et orques. 
 
Les calèches attelées de Montréal font désormais partie de l’histoire. L’industrie pharmaceutique a réduit considérablement le recours aux modèles animaux dans ses protocoles de recherche. Celle des cosmétiques, presque à néant. 
 
Alors, tous ces combats isolés qui touchent souvent un nombre limité d’individus, mais qui toutefois ont valeur de symbole, ont-ils réellement un impact sur les bilans de protection et de conservation de la biodiversité ? L’exemple complexe des jardins zoologiques est intéressant.
 
Un zoo hier
 
Dans la foulée des mouvements protectionnistes, deux sénateurs canadiens ont récemment présenté le projet de Loi de Jane Goodall, du nom de la primatologue britannique qui a consacré sa vie à documenter le comportement des chimpanzés en nature. Un projet de loi qui a reçu l’appui de la célèbre chercheure.  
 
Si elle est adoptée, la loi Goodall interdirait la garde en captivité des éléphants, cétacés et grands primates, et même d’autres espèces, comme les grands félins le cas échéant, selon les normes et statuts des zoos. 
 
Des experts et/ou des militants de défense des animaux de chacune des provinces se verraient confier le mandat de surveillance et de dénonciation en cas de soupçons d’infractions à ces nouvelles disposions du code criminel. 
 
Cette initiative est aussi en réponse à la prolifération des zoos et espaces d’attractions plus ou moins improvisés, certains établissements devenant même des vedettes d’émission télé-réalité. 
 
Seulement une trentaine d’établissements se soumettent aux normes de la CAZA (Canada’s Accredited Zoos and Aquariums) mais on croit qu’il y aurait jusqu’à dix fois plus de collections d’animaux exotiques et sauvages au pays.
 
Un zoo demain
 
Ce projet de loi, initialement perçu comme une contrainte aux activités des établissements reconnus, a finalement reçu leur appui. Patrick Paré est directeur de la conservation et de la recherche au Zoo de Granby : « Beaucoup de zoos non accrédités sont moins dans le bien-être animal et plus dans la collection animale, alors que nous, les zoos accrédités, sommes dans des missions d’éducation, de conservation et de recherche scientifique .» 
 
La loi prévoit des exemptions pour les animaux actuels qui ne pourraient s’adapter au milieu naturel et les espèces qui sont inscrites aux protocoles de recherche, comme la vingtaine de projets en cours au zoo de Granby. 
 
Patrick Paré : « Il y a des décennies que les zoos accrédités ne s’approvisionnent plus à partir des milieux naturels et organisent des partages entre eux à partir de la reproduction en captivité, avec des principes rigoureux de variabilité génétique, et quand nos éléphants seront disparus, cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre collaboration par exemple avec le Cameroun pour notre programme de conservation et de lutte au braconnage .»
 
Mais une fois le deuil des éléphants et gorilles passé, pourquoi serait-il nécessaire de voir un lion en chair et en os pour être sensible à l’avenir de son espèce ? 
 
« Peu de gens ont la chance de faire un safari en Afrique alors que dans un zoo, ils connectent avec l’animal avance Patrick Paré. Le sentir, écouter ses vocalisations, scruter sa démarche, ce n’est pas comme le voir en 2 D sur un écran. On a fait de nombreux sondages qui confirment l’impact des visites sur la sensibilité des visiteurs à la conservation. Pas juste pour le tigre majestueux, beaucoup aussi pour les mal-aimés, les serpents, les chauves-souris, les araignées .»
 
L’aspect plus controversé du projet Goodall est sans doute d’accorder un statut juridique à certaines espèces plus qu’à d’autres, sur des considérations qui frisent l’anthropomorphisme, comme la sociabilité, alors que l’intelligence animale est infiniment plus large et complexe que ce comportement adaptatif très répandu dans la nature. Un privilège qui d’ailleurs fera sans doute des jaloux, à commencer par le renard.  
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