En retrait
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
Picture

Les zigzags sur le front de l'Est

2/13/2022

0 Commentaires

 
Picture

Serge Truffaut
 
Au cours des dix derniers jours, les chefs d’État allemand et français ainsi que la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss ont emprunté la navette diplomatique pour faire des allers-retours entre Moscou, Kyiv et Varsovie
avant que Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, invite ses concitoyens à retourner au pays. Le 12 du mois, Joe Biden conversait avec Vladimir Poutine.  Résultat ? Rien de tangible. Du moins pour l’instant. Encore …
 
Encore que le vendredi 11 février, on apprenait que six navires russes avaient emprunté le détroit du Bosphore pour participer à un exercice naval dans la mer Noire à quelques miles marins de la frontière de l’Ukraine. Cet acte a eu pour effet immédiat d’aiguiser passablement la colère des dirigeants de ce pays qui martèlent encore et toujours que Moscou a construit de facto une frontière fermant l’accès de ses ports au commerce maritime. Ce n’est pas tout. 
 
La veille, le monde, c’est le cas de le dire, fut informé que l’état-major russe avait commandé à ses troupes de se rapprocher de la frontière que l’Ukraine partage avec la Biélorussie; cette frontière étant le ventre mou militaire de l’Ukraine. De fait, aujourd’hui des dizaines de milliers de soldats russes sont à moins de 100 km de Kiev, la capitale.
 
Les zigzags 
 
Comme l’Histoire avec un grand H n’est jamais exempte de coups de théâtre, on retiendra que ce redéploiement de tanks et missiles s’est poursuivi alors qu’à Moscou Liz Truss échangeait, le 10 février, avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Au terme de cette rencontre, ce dernier résuma leur conversation en assurant qu’elle avait été celle « d’une personne muette avec une sourde ».
 
Cette pirouette verbale en dit long sur le dédain que Moscou cultive à l’endroit du premier ministre britannique Boris Johnson qui, à l’instar de Tony Blair en 2003 dans le dossier irakien, s’est employé à dramatiser la situation en affirmant, en décembre, que Poutine envahira l’Ukraine en janvier. À cela il faut ajouter ceci : le dédain évoqué se nourrit également de l’affaiblissement politique prononcé de Johnson dans la foulée de ses fêtes alcoolisées au 10 Downing Street en pleine pandémie.
 
De la valse diplomatique observée la semaine dernière, il faut s’arrêter sur celle effectuée par Emmanuel Macron le 7 février. Car sa discussion avec Vladimir Poutine fut particulièrement longue: cinq heures. Après coup, il est allé à la rencontre du président ukrainien Volodymyr Zelenski, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président polonais Andrzej Duda. Au passage, on notera un fait trop ignoré : Macron a fait cette tournée davantage en tant qu’actuel président de l’Union européenne qu’en tant que président de la France.
 
Toujours est-il que des discussions entre ces derniers, on a relevé le dépoussiérage souhaité d’une ancienneté diplomatique baptisée le Format Normandie qui lie depuis 2014 l’Allemagne, la France, l’Ukraine et la Russie. On a relevé également la réhabilitation d’une antiquité : le Triangle de Weimar fondé en 1991 et qui associe, notamment sur le flanc de la défense, Berlin, Varsovie et Paris. En fait, l’addition des deux débouche sur une réalité : la Pologne doit être également un acteur des éventuelles tractations.
 
À ce recours à des ententes du passé, il faut greffer le propos le plus important qu’ait formulé le président Macron : « Il n’y a pas de sécurité pour les Européens, s’il n’y a pas de sécurité pour la Russie. » Ce propos a ceci de singulier qu’il est en quelque sorte un écho à la conjugaison que Poutine a réalisée entre les affaires internationales et le temps long de l’histoire. 
 
Ce qu’il fait aujourd’hui en Ukraine, il l’a fait hier en Azerbaïdjan, au Kazakhstan et en Arménie, avant-hier en Crimée et en Syrie et en Géorgie en 2008. C’est d’ailleurs à la faveur de cette dernière intervention que Poutine a ordonné une modernisation accélérée de l’armée russe qui aujourd’hui est beaucoup plus puissante qu’elle ne l’était à l’époque.
 
Le temps long
      
Le 17 décembre dernier, date importante entre toutes, Poutine a communiqué aux Américains et aux Européens deux projets de traité. Fort des interventions militaires effectuées depuis 2008, fort de la modernisation achevée de l’armée russe, fort d’une rente pétrolière et gazière passablement plus élevée que celle anticipée, Poutine s’est senti libre d’exiger passablement de choses, pour ne pas dire de concessions.
 
Que veut-il ? Que les forces de l’OTAN reculent derrière les frontières constatées en 1997. En d’autres mots que sa présence soit celle qu’elle était avant la désintégration de l’Union soviétique, avant l’addition d’ex-satellites soviétiques à l’OTAN. Quoi d’autre? Que la Suède et la Finlande mettent un terme aux débats qui ont cours dans ces pays sur leur éventuelle intégration à l’OTAN. Il veut enfin un droit de veto sur la politique internationale de ses voisins. Bigre !
 
Dans une analyse éclairante publiée le 11 février dernier dans la revue Foreign Affairs,Michael McFaul, ex-vétéran de l’administration Obama, ex-ambassadeur en Russie et aujourd’hui professeur à Stanford, avance qu’au fond du fond Poutine veut que son pays soit respecté et craint comme il l’était à l’époque Soviétique. Et que…
 
Et que, pour ce faire, il cherche à organiser un Helsinki 2. On s’explique. Fin juillet 1975, après évidemment bien des négociations, les États-Unis et les Européens d’un côté, les Russes de l’autre, avaient signé le Helsinki Final Act qui fit le lit de la détente après des années de forte tension et par lequel l’Occident reconnaissait les frontières issues, si l’on ose dire, de la Deuxième Guerre mondiale.
 
Ce Helsinki Final Act accoucha ensuite du Intermediate-Range Nuclear Forces (INF) Treaty en 1987; du Conventionnal Armed Forces in Europe Treaty en 1990. Puis il y a eu l’accord en 1990 sur l’envoi en Russie des armes nucléaires russes présentes en Ukraine en échange du respect par Moscou de l’intégrité territoriale de ce pays. Et enfin, en 1997, la signature du NATO- Russia Founding Act sur la coopération entre les deux partis qui a été réduite, comme chacun sait, à l’épaisseur du papier à cigarettes.
 
Affection pour l’autocratie
 
Cela étant, une semaine après que Poutine et son homologue chinois Xi Jinping eurent clamé encore une fois, en marge des Jeux olympiques, leur dégoût pour les démocraties libérales ou leur affection pour l’autocratie, voilà que le secrétaire d’État américain Anthony Blixen se rendait en Australie pour participer à une réunion du Quad pour Quadrilateral Security Dialogue. 
 
Fondée en 2007 sur le modèle de l’OTAN puis réanimée en 2017, cette organisation rassemble pour l’instant l’Australie, l’Inde, le Japon et les États-Unis. Les Philippines et l’Indonésie veulent l’intégrer. Toujours est-il qu’il a été décidé de multiplier les exercices maritimes. 
 
Faut-il rappeler qu’un bras de mer seulement sépare le Japon de la Russie ? Faut-il rappeler qu’en juillet 2014, le Japon a amendé sa constitution histoire de se doter de la frappe préventive en cas d’une attaque contre un de ses alliés? Non ? Bon. 
 
Comme dirait l’autre, le facteur invisible de l’information : bonjour l’ambiance !
Tableau des dépenses militaires par pays - Année 2019

Les chiffres (en dollars américains) du tableau ont été empruntés à l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, son rapport annuel étant le plus utilisé dans le monde. Il s’agit des dépenses militaires effectuées lors de l’exercice financier 2019, dernière année disponible. 
​

1 - États-Unis : 732 milliards 
2 - Chine : 261 milliards 
3 - Inde : 71,7 milliards 
4 - Russie : 65,1 milliards 
5 - Arabie saoudite : 61,9 milliards 
6 - France : 50,1 milliards 
7 - Allemagne : 49,3 milliards 
8 - Royaume-Uni : 48,7 milliards 
9 - Japon : 47,6 milliards 
​
NOTE : À elles seules, les dépenses combinées de l’Allemagne et de la France totalisent 99,4 milliards $ US, soit 34,3 milliards $ US de plus que celles de la Russie.
0 Commentaires



Laisser une réponse.

    Lectures de mai 2022
    Que se passe-t-il au Kremlin ?
    L'information sous les bombes
    La caricature du mois
    Le mariage de la carpe et du lapin
    L'inflation dope les finances publiques
    La langue, un enjeu déterminant
    Crises, la vérité, toute la vérité ?
    Les droits de la droite
    Israël-Palestine : «Trop c'est trop ! »
    Dur, dur d'être journaliste en Grèce
    Regards sur la presse japonaise
    Une famille royale marquante
    L'hénaurme Mingus
    Lectures à demeure
    Polar & Société : Préjugés et préjudices
    Lectures d'avril 2022
    Crime contre l'humanité ou génocide
    La caricature du mois
    L'Ukraine, Poutine et l'Histoire
    France : cohabitation adorée
    La CAQ triomphante
    Logement, le cercle vicieux
    Sale temps pour le plastique ?
    Le renard et les hommes
    Le vendeur d'émotions
    Un pan inconnu de l'Histoire
    Cellar Live ou la force du jazz
    Écouter les morts avec les yeux
    Polar et société : Un voyage dans le temps
    Lectures de mars 2022
    Dans le brouillard de la guerre
    Le militaire de Poutine
    Les Ukrainiens ne sont pas des Russes
    La caricature du mois
    Le retour de jean Charest
    L'inflation s'installe à demeure
    L'Afghanistan, misère !
    Seules au monde, les Afghanes
    Les Lumières du Panjshir
    Signes, signes
    Taxer davantage les riches ?
    Covid, guerre et climat à deux dollars
    Zoothérapie : intervention ciblée
    «Truth social», ou la vérité selon Trump
    William Parker, enfin !
    Amérique indienne, un coeur qui bat
    Polar et société : En direct de la fosse aux lions
    LECTURES DE FÉVRIER 2022
    Quand l'histoire bégaie ...
    Les zigzags sur le front de l'Est
    La caricature du mois
    La Chine, médaille d'or économique
    Année électorale pas comme les autres
    Les étudiants anxieux et ... déterminés
    Guantánamo, « l'Alcatraz des Caraïbes »
    La machine à remonter le temps
    États-Unis: une démocratie attaquée
    La dépossession des disparus
    Qu'est Nathalie Bondil devenue ?
    Le pianiste qui venait du froid
    Polar et société: Être ou ne pas être un ... polar
    LECTURES DE JANVIER 2022
    R2D2 s’en va-t-en guerre
    Les États-Unis en déclin, vraiment ?
    Rock and or !
    La peau d'Horacio Arruda
    La caricature du mois
    Élections : éduquer, éduquer, éduquer
    Désinformation : qui doit faire la police ?
    Le français, 5e langue mondiale ? Hum ...
    Une loi pour la liberté académique
    Maître Harris n'est plus
    Ciel mon cerveau !
    Polar et société: L'insoutenable lourdeur de lourdeur de l'êtreE
    Émile Nelligan: « un rêveur qui passe »
    Lectures de Décembre 2021
    Du gain et des jeux
    À DEUX PAS DE LA LIGNE ROUGE
    RÉFUGIÉS : LE CYCLOPE MÉDIATIQUE
    LA CARICATURE DU MOIS
    PETITES NOUVELLES DE FRANCE
    L'ALBERTA ET LA ROUTE DES DINOSAURES
    CES LANGUES QUI REFUSENT DE MOURIR
    FRANCE: QU'AS-TU FAIT À TON DOUX PARLER ?
    MAIS OÙ SONT PASSÉES LES GLACES D'ANTAN?
    GOLF: L'ATOUT INDÉNIABLE DE LA COVID
    SUN RAY AUX GRAMMYS ...
    TONY, DITES-VOUS !
    POLAR ET SOCIÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BIEN FLOU
    LECTURES DE NOVEMBRE 2021
    PANDORA PAPERS: LES VRAIS PARADIS
    VICTIMES COLLATÉRALES, VOUS DITES?
    MINORITAIRES ET NON VACCINÉS
    L'INDÉPENDANCE, UNE IDÉE DU PASSÉ?
    LE REFLUX DE L'INDÉPENDANTISME CATALAN
    FACEBOOK : CROIRE EN LA MÉTA-MORPHOSE?
    la caricature du mois
    L'ENJEU IRLANDAIS DU BREXIT
    ET VOICI, GB NEWS!
    L'AMOUR SUPRÊME, SELON COLtrane
    POLAR ET SOCIÉTÉ: TANT DE VIOLENCE!
    MARIE-ANASTASIE : PRÉSENCE DE L'ABSENCE
    LECTURES D'OCTOBRE 2021
    Amazon à l'assaut
    Covid-19 le "virus de la faim "
    Trump encore et toujours
    Municipales: le réseau cyclable en tête
    Alerte aux lanceurs
    Raoult, le populisme scientifique
    Afghanistan : le difficile mea culpa
    Hémon, Going My Way

𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙 

Loin de l’actualité brûlante, loin des pesanteurs du deadline, loin du brouhaha des salles de rédaction, 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙  réunit des journalistes* nés au temps de l’imprimerie et ayant tout le recul nécessaire pour mieux analyser les complexités du monde d’ici et d’ailleurs.
La retraite des « travailleurs de l’information », peu importe les médias, permet de tourner le dos à l’emballement perpétuel et renouer ainsi avec les plaisirs de la lenteur.
Avec 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙, l’actualité vous est disséquée une fois par mois sous forme d’opinions certes, mais toujours basées sur des faits.

Suivez-nous!

    Contactez-nous

Envoyer