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L’indépendance, une idée du passé ?

11/12/2021

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Bibliothèque et Archives Canada

Louiselle Lévesque

 

Il y a 45 ans, le 15 novembre 1976, le Parti québécois dirigé par René Lévesque était porté au pouvoir. Pour la première fois de son histoire, le Québec élit un gouvernement qui a pour objectif de réaliser l’indépendance. Cette victoire venait donner un nouveau souffle à la Révolution tranquille amorcée près de deux décennies plus tôt. 
 
Loi sur la protection du territoire agricole, Loi sur l’assurance automobile, Loi régissant le financement populaire des partis politiques, Charte de la langue française, une vague de réformes qui a permis au premier gouvernement Lévesque de faire la preuve de sa capacité de gouverner. Pour Louise Harel, militante de la première heure au Parti québécois et ancienne ministre, « l’élection de 1976 a été un véritable coup de tonnerre et a donné d’une certaine façon un statut à l’identité québécoise ».
 
Mais cet élan est venu se briser sur l’échec du référendum de 1980 et la récession économique des années qui ont suivi. Le 20 mai 1980 l’électorat québécois a dit non très majoritairement à un projet de souveraineté-association avec le reste du Canada, une défaite amère que René Lévesque eut du mal à encaisser.
 
Puis la ferveur indépendantiste reprit de la vigueur au début des années 1990, gonflée par le rejet de l’Accord du lac Meech qui devait permettre au Québec de réintégrer le pacte constitutionnel de 1982, conclu sans son consentement. Deuxième référendum en 1995 et deuxième défaite du camp du oui, quoique très serrée cette fois, et qui contribue à démobiliser les troupes et à faire de l’indépendance un projet de plus en plus inaccessible.
 
Le PQ, l’ombre de lui-même
 
Maintenant le Québec est gouverné par François Legault, un indépendantiste reconverti en nationaliste autonomiste parce qu’il ne croit plus possible de mener le Québec à l’indépendance, la majorité des Québécois y ayant renoncé selon lui. Le Parti québécois, principal porte-étendard du mouvement pendant 50 ans se retrouve au troisième rang des partis d’opposition. 
 
Le PQ n’est plus que l’ombre de lui-même et les médias font peu de cas de son nouveau chef Paul St-Pierre Plamondon et de ses prises de position, donnant l’impression que le parti est mort et enterré avec la cause qu’il défend. Selon la thèse soutenue par Philippe Bernier Arcand dans son livre publié en 2015 Le Parti québécois. D’un nationalisme à l’autre, cette déroute s’est amorcée lors des campagnes électorales de 2012 et 2014, le parti ayant puisé abondamment dans des registres plus identitaires et populistes. L’auteur estime que le PQ paie aujourd’hui le prix de cette stratégie.
 
De son côté, Québec solidaire, qui a lui aussi l’indépendance inscrite à son programme, réussit à faire bonne figure sur le plan de la crédibilité et de la visibilité mais les doutes sur les convictions indépendantistes de la formation politique ont été renforcés récemment lorsque son chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois a déclaré à l’Assemblée nationale qu’il ne voyait pas beaucoup d’intérêt à défendre les compétences du Québec face aux tentatives d’ingérence d’Ottawa. Déclaration embarrassante qu’il a tenté de corriger en affirmant vouloir pour le Québec tous les pouvoirs.
 
Sondages, sondages
 
Dans l’opinion publique, la situation n’est pas aussi désastreuse qu’il n’y paraît pour la cause indépendantiste. Un sondage Environics effectué en ligne en janvier-février 2021 pour le compte de la Confédération de demain auprès de 5814 adultes dans l’ensemble du pays, dont 500 au Québec, montre que 29 % des Québécois et 36 % des Québécois francophones croient que le Québec devrait se séparer du Canada comparativement à 25 % des Québécois et 29 % chez les francophones en 2001, selon des données colligées cette année-là par le Centre de recherche et d’information du Canada. 
 
Un autre sondage réalisé en février 2021 par la firme Recherche Mainstreet confirme cette tendance à la hausse avec un appui à l’indépendance/souveraineté qui se situe à 32 % pour l’ensemble des Québécois et à 39 % chez les francophones.  
 
Comment expliquer ce rebond significatif entre 2001 et 2021 ? Peut-être qu’en l’absence d’échéance référendaire les Québécois se donnent la permission de rêver, surtout que les possibilités d’avoir à se prononcer à court terme sur cette question sont presque nulles. On peut se demander toutefois si cet enthousiasme fondrait comme neige au soleil devant l’imminence d’une consultation référendaire. Autre hypothèse, la défaite de 1995 avait encore un goût amer en 2001 que le temps a fini par atténuer.
 
Quoiqu’il en soit on constate que l’indépendance trouve des appuis dans trois des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, ce qui démontre bien que cette question est toujours présente dans le paysage politique. 
 
En décortiquant les données des deux sondages cités précédemment, on observe que plus de 80% des partisans du PQ sont en faveur de l’indépendance/souveraineté, que 42 % des électeurs de Québec solidaire voteraient oui à un référendum sur la même question ainsi que plus du tiers (35 %) des électeurs de la Coalition Avenir Québec. 
 
Et environ 20 % des Québécois n’ont pas de position arrêtée entre l’indépendance ou le maintien du lien fédéral, une portion de l’électorat que l’on peut qualifier de volatile et qui pourrait se laisser convaincre à voter oui au terme d’une campagne référendaire bien menée.

D’ailleurs, l’expérience des deux référendums a montré que l’option du oui avait gagné 10 points de pourcentage entre le moment du déclenchement de la campagne et le jour du scrutin, passant de 30 % à 40 % en 1980 et de 40 % à près de 50 % en 1995.

 
Les défis, selon Louise Harel
 
Comment Louise Harel envisage-t-elle la suite des choses ? Il faut selon elle reconstituer une vaste coalition comme celle qui avait donné naissance au Parti québécois en 1968. « C’est le fait d’avoir été une coalition qui nous a permis de faire des progrès », ajoute-t-elle. Impossible d’avancer à son avis sans le ralliement des indépendantistes/souverainistes de tous les horizons autour d’un projet d’émancipation politique et ce à l’extérieur du cadre partisan. Car elle doute que le PQ soit le véhicule approprié pour permettre à cette nouvelle coalition de voir le jour.  

Pour elle, « le grand défi de l’heure c’est la mondialisation, c’est-à-dire comment on s’inscrit dans cette dynamique-là avec le projet de souveraineté. C’est là-dessus qu’il faut travailler ».  Dans les années 1970, le moteur de la mobilisation était de sortir les Québécois de leur état d’infériorité.  

​Ce défi de l’égalité a été relevé avec succès ajoute-t-elle. Aujourd’hui, c’est l’enjeu de la mondialisation et de l’ouverture sur le monde qui a, à ses yeux, le potentiel de mobiliser les jeunes, moins indépendantistes que leurs aînés, et de les amener à décider si le cadre fédéral constitue oui ou non un obstacle qui empêche le Québec de tirer son épingle du jeu.


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