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Minoritaires et non vaccinés

11/12/2021

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Dominique Lapointe
 
Le ministre québécois de la Santé a dû reculer. Lui qui croyait persuader la totalité des employés du réseau de la santé de se faire vacciner contre la Covid est finalement revenu sur sa décision de fermer la porte aux récalcitrants et leur couper la paye. On a même accusé Christian Dubé d’avoir « bluffé ». En fait, la mesure annoncée en août n’avait rien du « bluff ». Il s’agissait d’un pari, à l’image des multiples gageures qui ont été prises depuis le début de cette pandémie en mars 2020 et qui sont le propre des crises.
 
Quand il y a certitude, il n’y a pas crise. Cette gestion passera à l’histoire comme une des plus grandes improvisations du 21e siècle car il n’y a pas de mode d’emploi sur la persuasion de populations entières à la réclusion, à la contrainte subite, au sacrifice pour sauver autrui.
 
On dira alors que le ministre a perdu son pari sur la vaccination des employés de la santé. Pas si vite. Avant même qu’il n’évoque cette mesure draconienne, la vaste majorité des Québécois, y compris les principaux intéressés, s’étaient soumis à la vaccination. De plus, entre l’annonce de la nouvelle politique en août et son retrait début novembre, le nombre d’employés de la santé non vaccinés est passé de quelque 45 000 à moins de 15 000. Il serait surprenant que ce progrès considérable s’explique par le seul retour des vacances. 
 
Le moindre mal
 
Pour justifier ce recul, le ministre a invoqué le moindre mal, qui, lui aussi, est resté un principe directeur de cette aventure indésirable, le principe du coût/bénéfice : se priver des 8000 réfractaires au vaccin supposait un risque significativement plus important que celui de « tolérer » des employés non vaccinés, mais quand même testés trois fois par semaine.
 
Il s’agit toutefois ici du bénéfice à court terme, celui dans les hôpitaux, les CHSLD, les CLSC et autres points de services cliniques. Le coût à payer n’apparaît pas pour autant insignifiant. Que fera-t-on le jour où on documentera une éclosion en institution d’origine professionnelle et asymptomatique, un foyer qui ferait des victimes en mortalité ou morbidité ? Que dira-t-on à la famille d’un patient qui lui, n’a pas choisi le professionnel qui le soignait? 
 
Quel est le message public que comprennent les franges résistantes ou simplement hésitantes à l’endroit du vaccin dans ce compromis ? Ces gens, trop souvent, construisent leur propre logique, celle que le vaccin n’est pas réellement la mesure ultime de prévention claironnée et que les précautions personnelles sont amplement suffisantes pour éviter le virus. Mais il s’agit ici d’un autre problème qui, de toute évidence, ne trouvera pas sa réponse dans la présente catastrophe.
 
Des professionnels non avisés
 
Qui aurait pu imaginer qu’autant d’infirmières, préposés, inhalothérapeutes et même quelques centaines de médecins hésiteraient autant devant la vaccination ou la refuseraient carrément ? De tous les progrès sanitaires qui ont permis de doubler l’espérance de vie depuis le 19e siècle, la vaccination reste la plus grande découverte. Le geste de vacciner est à la base de tout enseignement dans le domaine de la santé. Se protéger et, dans un deux pour un, protéger les autres.
 
Depuis des lustres, la vaccination du personnel contre plusieurs pathogènes (hépatite, RRO, influenza..) est non seulement fortement recommandée mais souvent exigée dans les milieux cliniques spécifiques à risque de transmission nosocomiale aux clientèles vulnérables. 
 
Le SARS-CoV-2, dans son mode opérationnel, est le champion toutes catégories à ce titre : virus respiratoire en aérosols, transmissibilité importante, vecteurs asymptomatiques, contagiosité parfois longue.  Une minorité de professionnels a cependant choisi de nier ces évidences, ou, pire encore, ne les a pas comprises. Gênant pour des gens qui ont pourtant fait le choix de travailler avec les outils que leur fournit la science.
 
Comment expliquer ce phénomène assez inusité ? Est-ce que le fait qu’une part significative des soignants soit issue de communautés ethniques qui, historiquement et souvent avec raison, ont eu plus de méfiance face aux autorités, a pu jouer un rôle ? Question délicate certes, et il s’agit d’une mince minorité du personnel, rappelons-le, mais la lenteur de la vaccination dans certains quartiers de Montréal est un indice qui mériterait d’être approfondi. 
 
Par ailleurs, il arrive de rencontrer des soignants qui, pour donner plus de latitude et de motivation à leur profession, versent dans des disciplines alternatives qui sont plus liées aux croyances qu’aux sciences. Une façon tordue de défier l’autorité médicale. Autre hypothèse à explorer.
 
Le phénomène antivax
 
Quoiqu’ils soient du réseau de santé, les professionnels de la santé ne sont pas automatiquement étrangers et imperméables à la désinformation dans les médias sociaux. La résistance à la vaccination, qui a toujours existé, est définitivement sortie de la bulle familiale et communautaire pour infecter la masse. 
 
On invoque ainsi le manque de recul sur les effets des vaccins Covid, bien qu’aucun autre dans l’histoire de la prophylaxie moderne n’aura été soumis à une telle surveillance sur autant de sujets de par le monde, une vigilance qui continue d’ailleurs. On détaille ensuite par une litanie de légendes urbaines, comme le vaccin qui tue, qui rend légume ou stérile..  et, comble de malheur comme nous le confirment les Facebook Papers, plus une idée est controversée, plus elle est partagée. 
 
Des spécialistes des mouvements sociaux ont tenu à catégoriser les anti-vaccinations par ordre de convictions et de militantisme. L’effort est peut-être louable en termes de tolérance, mais les fidèles ne se nourrissent-ils pas des mêmes écritures que leurs gourous ? Il faudra sans doute pousser plus loin la responsabilité des diffuseurs dans la persistance de la pandémie. 
 
Les erreurs des gouvernants  
 
Outre les citoyens, les autorités ont-elles, elles aussi, contribué à cette méfiance de la minorité ? Pas besoin d’être un Bolsonaro ou Trump pour se mettre les pieds dans les plats en pareille situation. 
 
La décision de gouvernements européens de suspendre l’injection du vaccin Astrazeneka après des signalements de thromboses cérébrales a été catastrophique sur la perception de la sécurité des nouveaux vaccins. 
 
L’incidence de ces effets secondaires n’a jamais justifié une telle mesure en regard des bénéfices attendus de la molécule et, surtout, face aux dommages d’image que risquaient de provoquer ces décrets sur l’ensemble de l’opération qui se profilait dans le monde. Certes, le vaccin britannique s’est avéré moins efficace que les vaccins ARN messager mais combien utile pour freiner les vagues secondaires de la pandémie.   
 
À une autre échelle échelle, il y eut aussi ces élus, comme en Australie, Europe ou même au Canada, qui, par excès de confiance dans leurs chiffres, et malgré les avertissements des experts, ont trop relâché les mesures sanitaires et négligé la vaccination, laissant croire ainsi que la pandémie était sur le point de disparaître. Difficile d’être plus catholique que le pape, comme on dit. 
 
Quand on y pense, il y a de cela plus de trois cents ans, Jean de La Fontaine savait déjà ce qu’il en était de ces grands défis de santé publique : « ... Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » ... d’une façon ou d’une autre, nous le constatons maintenant.   
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