En retrait
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
  • NOUVELLES
  • À PROPOS
  • CONTACTEZ-NOUS
Picture

Un néologisme peu élogieux

7/12/2022

0 Commentaires

 
Photo

Antoine Char
 
Valéry Giscard d’Estaing a été « Sa Suffisance », Nicolas Sarkozy « Speedy Gonzales » et même « Naboléon », François Hollande « Flamby » et depuis son entrée à l’Élysée, Emmanuel Macron est « Jupiter » pour ses détracteurs et la presse satirique. Que le président français soit comparé au dieu suprême des Romains n’est peut-être pas pour lui déplaire. Mais il doit être blessé de voir les Ukrainiens se servir de son nom pour le ridiculiser.
 
 « Macroner » est vraiment un verbe peu élogieux. Néologisme ukrainien, «макронити» (makronyty)
équivaudrait à « parler pour ne rien dire ». Pour quelqu’un se rêvant en faiseur de paix entre Vladimir Poutine et Volodymyr  Zelensky, c’est peu flatteur.
 
Petite phrase
 
Mais que lui reproche-t-on à Kyiv ? Une petite phrase répétée deux fois en moins d’un mois. : « Ne pas humilier la Russie .» Fort bien, mais jusqu’à preuve du contraire Poutine c’est la Russie et la formule a choqué les Ukrainiens écrasés sous les bombes russes et il s’est mis à dos bon nombre d’alliés de Paris.
 

Il n’est plus considéré comme le « sauveur de l’Europe » (The Economist) ou le prochain « leader » du Vieux Continent (Time). Au sommet du G-7, le mois dernier en Allemagne, le premier ministre démissionnaire britannique Boris Johnson [1], l’a même mis en garde contre « toute tentative » d’une solution négociée « maintenant » .

Il est vrai que « Bojo », interdit d’entrée en Russie, n’a jamais eu la langue dans sa poche et aime rappeler que Poutine est un « dictateur ». Pas étonnant que le Royaume-Uni ait été le premier pays européen à envoyer des armes à l’Ukraine. 

« Petit Hitler »
 
Oui, un jour il faudra bien négocier et Macron dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Seulement, voilà …
 
Quand les Ukrainiens considèrent Poutine comme un « petit Hitler » armé d’ogives nucléaires, les appels de Macron à ne pas « humilier la Russie » (lancés avant lui par Mitterrand, Chirac et Sarkozy) n’arrivent pas au bon moment.
 
Dit autrement, le sens du timing a manqué à Macron qui se défend de toute « complaisance » à l’égard du maître du Kremlin qu’il a rencontré à cinq reprises depuis 2017. Il veut être son interlocuteur privilégié en Europe. Les deux ont passé une centaine d’heures au téléphone depuis le début de l’année. Les échanges étaient parfois musclés. 
[2]
 
Le 16 juin, lors de sa visite en Ukraine, accompagné du chancelier allemand Olof Scholz et du président du conseil italien Mario Draghi, Macron a eu beau assurer Kyiv de sa solidarité, il est toujours soupçonné de miser davantage sur un cessez-le-feu que sur une victoire totale ukrainienne comme le répète Zelensky.

Si le conflit devait s’inscrire dans le temps long, le soutien occidental à l’Ukraine finira par montrer des signes de fatigue. Poutine mise à fond sur cette érosion, nourrie par une inflation galopante en Occident.

Déjà, 35 % des Européens souhaitent une fin de guerre rapide, même si l’Ukraine doit pour cela concéder des parties territoriales, selon une enquête du Conseil européen pour les relations internationales .

Avec un tel scénario, la petite phrase de Macron, affaibli par la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale,  prend alors tout son sens.

Deux camps

Pour Jocelyn Coulon, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), « Zélensky a dit à plusieurs reprises que cette guerre se règlera par la voie diplomatique. Or, aujourd’hui en Occident, deux camps s’affrontent sur l’option à prendre pour mettre fin à ce conflit.

« Il y a ceux qui réclament une défaite totale de la Russie tout en restant muet sur l’ensemble des moyens pour y parvenir sans que cette option ne déclenche une escalade incontrôlable, et ceux qui estiment que pour éviter la destruction totale de l’Ukraine la solution réside dans une négociation dont le résultat sera l’acceptation par le gouvernement ukrainien de douloureux compromis. Macron est le représentant de cette option. » (échange de courriels).

Selon le chercheur québécois, le conflit, entré dans son cinquième mois, « semble prendre la direction d’un affrontement entre les États-Unis et la Russie ».

« Comment pourrait-il en être autrement alors que les dirigeants américains, et certains Européens, disent ouvertement vouloir la destruction du régime en place et de ses capacités militaires, ce qui dans les faits signifie clairement la destruction de la Russie ? Un affrontement direct entre les deux puissances transformerait pour la troisième fois en un siècle l’Europe en un champ de bataille. »

Question freudienne

On n’en est pas encore là et pour l’heure, Macron en cherchant à ménager la chèvre et le chou n’est respecté ni à Moscou, ni à Kyiv. On le sait, la diplomatie n’est jamais tout blanc ou tout noir, c’est une question de point de vue.

La voie médiane de Macron est certes utile pour l’avenir, mais pour l’instant il y a toujours un agresseur et un agressé, alors « macroner » veut aussi dire « fiasco diplomatique ».

Un gros caillou dans la chaussure de quelqu’un rêvant de refaire de la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et doté de l’arme nucléaire, une grande puissance. La plus petite des grandes puissances ou la plus grande des petites puissances ? Une question freudienne … comme  «macroner ».

1-https://www.theguardian.com/politics/2022/jul/09/scandalous-legacy-as-johnson-heads-for-the-exit-many-issues-remain-unresolved
2 - https://www.dailymotion.com/video/x8c6bmc
0 Commentaires



Laisser une réponse.

    Lectures d'août 2022
    Économie ou environnement ?Texte du bouton
    Trump dans le brouillard
    Aux armes citoyens !
    La caricature du mois
    Ukraine: question de temps ...
    Pour une retraite réussie
    «Annus Horribilis» pour les talibans 2.0
    Radio-Canada, un précédent dangereux
    Profession ? Politicien
    Le PLQ pendu par la langue
    Leclerc, 100 ans de bateaux miniatures
    Les paysans par R. Cooder et T. Mahal
    En quête de l'invisible
    Polar & Société: Barcelone en porte-à-faux
    Lectures de juillet 2022
    Avortement : le triomphe du catholique
    Jusqu'où peut-on aller trop loin ?
    La caricature du mois
    Logement : la crise durable
    Une combativité surprenante
    Un néologisme peu élogieux
    La lente agonie du PQ
    Coup de poker à Édimbourg
    De virage en virage
    Que Dieu soit avec le pape !
    La liste sans les ... vices !
    Des randonnées de légende
    Polar & Société: Ravalement de façade ...
    Lectures de juin 2022
    Pourquoi le Québec perd le contrôle
    Des ruines et des devises fortes
    OTAN : et deux de plus
    Chronique d'une famine annoncée
    La caricature du mois
    Ralentissement, recul, récession
    Histoires d'eau
    Le cas de QS
    L'immigration en question
    Camps de jour version 2022
    Le meilleur ennemi de l'homme
    Les marginaux du système électoral
    Deux encyclopédistes au piano
    Disparu au pied du Mur
    Polar & Société : Ravalement de façade
    Lectures de mai 2022
    Que se passe-t-il au Kremlin ?
    L'information sous les bombes
    La caricature du mois
    Le mariage de la carpe et du lapin
    L'inflation dope les finances publiques
    La langue, un enjeu déterminant
    Crises, la vérité, toute la vérité ?
    Les droits de la droite
    Israël-Palestine : «Trop c'est trop ! »
    Dur, dur d'être journaliste en Grèce
    Regards sur la presse japonaise
    Une famille royale marquante
    L'hénaurme Mingus
    Lectures à demeure
    Polar & Société : Préjugés et préjudices
    Lectures d'avril 2022
    Crime contre l'humanité ou génocide
    La caricature du mois
    L'Ukraine, Poutine et l'Histoire
    France : cohabitation adorée
    La CAQ triomphante
    Logement, le cercle vicieux
    Sale temps pour le plastique ?
    Le renard et les hommes
    Le vendeur d'émotions
    Un pan inconnu de l'Histoire
    Cellar Live ou la force du jazz
    Écouter les morts avec les yeux
    Polar et société : Un voyage dans le temps
    Lectures de mars 2022
    Dans le brouillard de la guerre
    Le militaire de Poutine
    Les Ukrainiens ne sont pas des Russes
    La caricature du mois
    Le retour de jean Charest
    L'inflation s'installe à demeure
    L'Afghanistan, misère !
    Seules au monde, les Afghanes
    Les Lumières du Panjshir
    Signes, signes
    Taxer davantage les riches ?
    Covid, guerre et climat à deux dollars
    Zoothérapie : intervention ciblée
    «Truth social», ou la vérité selon Trump
    William Parker, enfin !
    Amérique indienne, un coeur qui bat
    Polar et société : En direct de la fosse aux lions
    LECTURES DE FÉVRIER 2022
    Quand l'histoire bégaie ...
    Les zigzags sur le front de l'Est
    La caricature du mois
    La Chine, médaille d'or économique
    Année électorale pas comme les autres
    Les étudiants anxieux et ... déterminés
    Guantánamo, « l'Alcatraz des Caraïbes »
    La machine à remonter le temps
    États-Unis: une démocratie attaquée
    La dépossession des disparus
    Qu'est Nathalie Bondil devenue ?
    Le pianiste qui venait du froid
    Polar et société: Être ou ne pas être un ... polar
    LECTURES DE JANVIER 2022
    R2D2 s’en va-t-en guerre
    Les États-Unis en déclin, vraiment ?
    Rock and or !
    La peau d'Horacio Arruda
    La caricature du mois
    Élections : éduquer, éduquer, éduquer
    Désinformation : qui doit faire la police ?
    Le français, 5e langue mondiale ? Hum ...
    Une loi pour la liberté académique
    Maître Harris n'est plus
    Ciel mon cerveau !
    Polar et société: L'insoutenable lourdeur de lourdeur de l'êtreE
    Émile Nelligan: « un rêveur qui passe »
    Lectures de Décembre 2021
    Du gain et des jeux
    À DEUX PAS DE LA LIGNE ROUGE
    RÉFUGIÉS : LE CYCLOPE MÉDIATIQUE
    LA CARICATURE DU MOIS
    PETITES NOUVELLES DE FRANCE
    L'ALBERTA ET LA ROUTE DES DINOSAURES
    CES LANGUES QUI REFUSENT DE MOURIR
    FRANCE: QU'AS-TU FAIT À TON DOUX PARLER ?
    MAIS OÙ SONT PASSÉES LES GLACES D'ANTAN?
    GOLF: L'ATOUT INDÉNIABLE DE LA COVID
    SUN RAY AUX GRAMMYS ...
    TONY, DITES-VOUS !
    POLAR ET SOCIÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BIEN FLOU
    LECTURES DE NOVEMBRE 2021
    PANDORA PAPERS: LES VRAIS PARADIS
    VICTIMES COLLATÉRALES, VOUS DITES?
    MINORITAIRES ET NON VACCINÉS
    L'INDÉPENDANCE, UNE IDÉE DU PASSÉ?
    LE REFLUX DE L'INDÉPENDANTISME CATALAN
    FACEBOOK : CROIRE EN LA MÉTA-MORPHOSE?
    la caricature du mois
    L'ENJEU IRLANDAIS DU BREXIT
    ET VOICI, GB NEWS!
    L'AMOUR SUPRÊME, SELON COLtrane
    POLAR ET SOCIÉTÉ: TANT DE VIOLENCE!
    MARIE-ANASTASIE : PRÉSENCE DE L'ABSENCE
    LECTURES D'OCTOBRE 2021
    Amazon à l'assaut
    Covid-19 le "virus de la faim "
    Trump encore et toujours
    Municipales: le réseau cyclable en tête
    Alerte aux lanceurs
    Raoult, le populisme scientifique
    Afghanistan : le difficile mea culpa
    Hémon, Going My Way

𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙 

Loin de l’actualité brûlante, loin des pesanteurs du deadline, loin du brouhaha des salles de rédaction, 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙  réunit des journalistes* nés au temps de l’imprimerie et ayant tout le recul nécessaire pour mieux analyser les complexités du monde d’ici et d’ailleurs.
La retraite des « travailleurs de l’information », peu importe les médias, permet de tourner le dos à l’emballement perpétuel et renouer ainsi avec les plaisirs de la lenteur.
Avec 𝕰𝖓 𝕽𝖊𝖙𝖗𝖆𝖎𝖙, l’actualité vous est disséquée une fois par mois sous forme d’opinions certes, mais toujours basées sur des faits.

Suivez-nous!

    Contactez-nous

Envoyer